Si vous lisez mes articles #MonMoisSportif, vous n’êtes pas sans savoir que ces derniers mois, j’accompagnais une amie sur sa préparation marathon. Je l’ai soutenu depuis le début de sa prépa et jusqu’à l’échéance, puisque je l’ai accompagné sur une portion de son premier marathon, celui de Paris, le 8 avril dernier. Pour ma part, je suis coureuse depuis plus de 10ans, mais pas marathonienne. Ou du moins, pas encore… Bien que ce ne soit pas une étape obligatoire dans la vie d’un(e) runneur/se, courir un marathon m’a toujours fait rêver et j’ai bien l’intention de le devenir un jour moi aussi.
Je me souviens il y a 3 ans (2015), en regardant le marathon de Paris à la télévision, m’être dit : “En 2018, tu y seras, ce sera ton tour, ton année”. Je m’étais dit cela déjà parce que le nombre 18 me tient à coeur (certains comprendront sans aucun doute pourquoi), mais aussi parce que 2018 signifiait l’obtention de mon diplôme d’ingénieur et marquait donc le cap entre la vie étudiante et la vie active. Pourtant, nous sommes en 2018 et je n’ai pas pris le départ de ce marathon. Rassurez-vous, je n’en suis pas du tout frustrée puisque j’avais finalement décidé de ne pas m’y inscrire. Entre mes soucis de santé et la période janvier-avril de ce début d’année bien chargée (projet important à rendre, stage à trouver, déménagement à prévoir, etc), ce n’était clairement pas la période idéale pour me lancer dans une telle aventure. Et pourtant, bien que je n’ai pas endossé de dossard ce 8 avril dernier, j’ai vécu ce marathon par procuration grâce à Tiffany et cette expérience a été bien riche !
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Remise en contexte
Tiffany je l’ai rencontré il y a un petit peu plus de 2 ans, grâce à la course à pieds et au Happy Running Crew. Fraîchement arrivée à Nantes, j’ai rejoint la team nantaise pour découvrir la ville de la meilleure des manières (en courant) et pour rencontrer de nouvelles personnes. Faire des rencontres oui, mais je ne me doutais pas que j’allais en faire de si belles et si vraies. Et pourtant, de vrais liens se sont tissés, au-delà de la pratique sportive. Un rythme de vie et de consommation similaire, des centres d’intérêt partagés, des objectifs communs, voilà ce qui nous lie. En octobre dernier, nous avons participé ensemble, à notre premier marathon. Une épreuve en duo, où chacune de nous a parcouru un semi-marathon à tour de rôle, pour venir franchir cette ligne d’arrivée, ensemble, main dans la main. A cette époque, Tiffany était déjà inscrite pour le marathon de Paris 2018, et je l’avais assurée que j’allais l’accompagner durant cette aventure.
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La suivre durant sa préparation
C’est en janvier 2018 qu’a débuté sa préparation. Une préparation de 10 semaines, durant laquelle elle a parcouru plus de 500 kilomètres. Je ne l’ai évidemment pas accompagnée sur chacun de ces entraînements, mais j’étais là, derrière elle à la soutenir. Je l’ai principalement accompagné sur ses sorties longues, ces sorties qui sont parfois difficiles mentalement. Courir une longue distance sur un événement officiel et courir cette même distance, seul(e) un dimanche matin, ce n’est pas comparable. En course officielle, l’ambiance, les encouragements, l’excitation, etc, motivent et participent au fait que les kilomètres défilent “rapidement”. Partir courir 25/30 kilomètres en solitaire, c’est autre chose. Alors dans ces moments là, nous (d’autres amies et moi) étions là pour l’épauler.
L’accompagner physiquement est une chose, mais l’accompagner moralement est tout aussi important selon moi. Être là dans les bonnes périodes, comme dans les mauvaises. Tiffany n’a pas eu de grandes difficultés physiques durant sa préparation, elle ne s’est pas blessée, mais quelques douleurs sont parfois apparues. Il était important pour moi d’être présente et de la rassurer. Elle a su gérer sa préparation comme une reine, de par ses nombreuses connaissances. Alors même si je n’avais pas de conseils révolutionnaires à lui apporter, je pense que le soutien moral de son entourage lui a été précieux durant ces quelques mois.
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L’accompagner lors du retrait des dossards
Comme je vous le disais un petit peu plus haut, je voulais être là jusqu’à l’épreuve finale : le marathon. Ayant trouvé mon stage à Paris, cela tombait parfaitement bien puisque j’allais déjà être sur place. Si ça n’avait pas été le cas, j’avais tout de même prévu de faire le déplacement. Être sur place m’a permis de la retrouver dès le jeudi pour aller retirer son dossard. C’est ce jour-là, le 5 avril, que j’ai finalement réalisé ce qu’elle allait s’apprêter à réaliser. Son dossard entre les mains, son nom sur l’énorme poster répertoriant celui de tous les participants… Elle avait des étoiles plein les yeux, mais je les avais moi aussi. J’étais déjà si fière d’elle ! Ce retrait de dossard est un souvenir qui me restera en tête un petit moment. Un moment riche en émotions que je suis ravie d’avoir pu partager avec elle.
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La soutenir durant l’épreuve
J-1
Je l’ai retrouvé la veille, en milieu de journée. J’étais excitée et impatiente, mais je crois que je ne réalisais qu’à moitié. Le samedi soir nous avons planifié le lieu de rendez-vous que nous allions nous fixer pour le lendemain. Nous avons finalement opté pour la sortie du bois de Vincennes. Très bien positionné au niveau du kilométrage (19km seule, puis 23km accompagnée), nous avons trouvé l’endroit idéal. En fin de journée, Tiffany prépare son race-pack, nous nous assurons qu’elle n’oublie rien.
Jour J – Du réveil à la ligne de départ
Il n’y a pas de doute, je réalise enfin ! Je ne me fais pas prier pour me lever lorsque le réveil sonne. Nous avalons notre petit déjeuner dès le réveil pour avoir le temps de digérer. Puis partons de l’appartement à 8h20. Nous sommes à 20 minutes à pieds des Champs Elysées, de quoi se mettre en jambe avant son départ qui a lieu à 9h15. Paris dort encore, mais les (futur(e)s) marathonien(ne)s sont bien au rendez-vous et le soleil aussi. Une fois sur les Champs, l’ambiance est au rendez-vous, l’excitation à son maximum. Nous approchons le SAS 4h15 et nous (Julie et moi) quittons Tiffany. Un dernier bisou, un dernier petit mot d’encouragement et de motivation et la voilà dans son SAS. Certains départs ont déjà été lancé, Julie et moi descendons l’Avenue à pieds et l’ambiance m’emporte. Julie peut en témoigner, à ce moment-là, je suis une vraie pile électrique. J’ai des étoiles plein les yeux et la folle envie d’aller prendre le départ. Si quelqu’un m’avait tendu un dossard à cet instant-là, j’y serais aller sans aucune hésitation, ni peur (alors qu’en réalité je sais que je n’étais pas prête). Alors que nous rejoignons la station de métro proche de la Concorde que nous nous apprêtions à prendre, nous attendons finalement le passage du SAS 4h15, de Tiffany. Elle ne s’y attend pas, mais nous l’encourageons à son passage. L’ambiance l’a emportée elle aussi, le sourire jusqu’aux oreilles, elle fait un petit détour pour venir nous faire un petit bisou. Cette fois-ci c’est réel, la voilà parti pour plus de 4 heures d’efforts. Nous prenons finalement le métro en direction du bois de Vincennes.
Jour J – KM18,5 à KM35
Nous arrivons au KM18,5 vers 9h55 et encourageons les participants et nos connaissances (que nous trackons grâce à l’application du Marathon de Paris). Il y a du monde sur le parcours, nous veillons à ne pas louper le passage de Tiffany. Nous la voyons finalement arriver et je devine un sourire sur son visage, me voilà rassurée. Nous la rejoignons sur le parcours et la laissons nous raconter ses 18 premiers kilomètres. Tout va bien pour le moment, une petite douleur au genou droit la dérange depuis quelques kilomètres, mais le moral est là et elle réussit à passer outre. Une fois réunies, Tiffany me donne son sac et nous voilà parties toutes les trois. Les kilomètres défilent plutôt bien. Le ravitaillement dans mon dos, je prête attention à ce que Tiffany boive assez, il fait très chaud. Plus les kilomètres passent, plus chaque effort compte, alors forcément elle réclame moins à boire, et pourtant le besoin est bien là. Nous nous arrêtons aux ravitaillements, je donne le sachet de fruits secs et séchés à Tiffany. Quelques encouragements sur le parcours qui réchauffent le coeur. Nous croisons sa maman au 28ème kilomètre. Arrivées au 30ème, nous passons “le mur” (au sens figuré, puisqu’il y avait réellement une arche avec un mur en “briques”…). Passées ce kilomètre, Tiffany est désormais dans l’inconnu (sa plus longue sortie étant de 30km). Sa douleur la dérange de plus en plus, ses hanches sont maintenant verrouillées. En général, Tiffany est une vraie pipelette en course à pieds, elle n’arrête pas une seconde. Mais aujourd’hui est différent et plus les kilomètres passent, plus elle se fait discrète.
Jour J – Du KM35 à la ligne d’arrivée
Une fois arrivées dans le bois de Boulogne (KM35), je comprends que ça ne va pas être simple. Je n’ai cessé de l’encourager depuis que je l’ai retrouvé avec des petits mots d’encouragements, de félicitations, mais dorénavant, je mets les bouchées doubles. J’essaie de trouver des mots plus convaincants, plus percutants, plus motivants. A ce moment-là, je ne sais pas si c’est ce qu’elle veut entendre, mais c’est la seule chose que je puisse faire pour lui donner l’énergie d’aller jusqu’au bout. Les kilomètres défilent difficilement, les autres coureurs autour de nous sont dans le même état, je dis à Tiffany de rester dans sa bulle. Je ne veux pas que l’état physique ou mental des autres l’atteignent. Au 38ème, Tiffany perd son sourire, celui qui ne la quitte jamais habituellement. Pour tout vous avouer, je ne l’avais jamais vu sans sourire en 2 ans et demi… Les premières larmes, je lui dis de serrer les dents, que ça va être dur, mais que le bonheur et la fierté qui seront au bout seront éternels.
C’est dur, mais Tiffany reste lucide jusqu’au bout, puisqu’au 40ème kilomètre elle prend encore le temps de regarder autour d’elle et nous fait remarquer que nous sommes devant la fondation Louis Vuitton. Nous sortons du bois de Boulogne, les spectateurs se multiplient, la fin approchent. Au 41ème, nous nous arrêtons un instant avant de nous séparer (puisque les accompagnateurs ne peuvent pas accompagner sur le dernier kilomètre). Je lui rends son sac, l’embrasse une dernière fois et la laisse s’éloigner le coeur lourd. Elle trottine à peine, je sais qu’elle souffre et je suis là, impuissante. Je suis si frustrée de devoir la laisser là, dans cet état… Mais je ne réfléchi pas très longtemps et nous voilà reparties avec Julie pour aller la retrouver à l’arrivée. Nous sommes de l’autre côté des barrières, nous la dépassons, hésitons à l’encourager une dernière fois (en a-t-elle envie à ce moment-là ?) et puis finalement exclamons un dernier petit mot avant de filer à l’arrivée. Une arrivée que nous ne verrons finalement pas avec toute cette foule. Mais nous la retrouvons rapidement à la sortie. La médaille autour du cou, mais surtout le sourire aux lèvres… Un petit souffle de soulagement de voir qu’elle a retrouvé le moral aussi vite qu’elle l’avait perdu. Ca y est, ce petit être devenu marathonienne !
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Mes ressentis à froid
A l’heure où je termine d’écrire cet article, voilà maintenant 10 jours que le marathon est passé. Non je n’y ai pas participé, mais je l’ai vécu par procuration et c’est une expérience très enrichissante que je conseille à toute personne qui envisage de courir cette distance une fois dans sa vie. Plus réel qu’à la télévision, qu’à la lecture d’un compte-rendu, il m’a permis de me rendre véritablement compte des efforts que demande un marathon (et sa préparation), mais aussi de l’ambiance qu’il peut y avoir durant l’évènement. Tout le monde s’en doute, courir 42 kilomètres n’est pas quelque chose d’anodin, mais être présent aux côtés de quelqu’un qui le fait te permet de te rendre compte de beaucoup plus de choses. J’étais dans un état d’excitation au niveau du départ, prête à le prendre moi aussi. J’étais dans un état d’esprit bien différent au 40ème kilomètre, lorsque je les voyais toutes et tous souffrir autour de moi. Cette expérience m’a beaucoup appris, mais une chose est sûre, elle ne m’a pas apeurée ou dégoûtée. Au contraire, je suis toujours (voire plus) déterminée à devenir marathonienne moi aussi. Je ne sais pas encore où, ni quand, mais je sais qu’avec cette expérience d’accompagnement, je sais à quoi m’attendre. J’appréhenderai ma préparation, la course et l’effort différemment, c’est certain.
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Mes conseils d’accompagnatrice
Vous étiez peut-être parmis les participant(e)s à cette édition du Marathon de Paris 2018, peut-être pas. Dans tous les cas j’espère que ce récit, vu d’un oeil extérieur, aura pu vous plaire. Si ça a donné envie à certains d’accompagner un(e) ami(e) sur une course officielle (pas forcément un marathon), sur ne serait-ce que quelques kilomètres, je voulais vous donner quelques conseils clés que je trouve important :
Accompagner durant la préparation
Accompagnez le/la sur quelques sorties, à pieds, en vélo, en roller, peu importe. L’accompagner oui, mais ne l’accompagnez pas systématiquement, laissez lui un petit peu de liberté, ça doit rester son challenge, son défi.
Soutenir quotidiennement
Être soutenu par ses proches est une chose cruciale, qui est même selon moi indispensable. Dans la vie quotidienne, mais d’autant plus pour ce type de préparation, challenge personnel. J’aime lire les compte-rendu de courses des sportifs/ves que je suis, et à chaque fois ils/elles citent l’importance du soutien de leur entourage. Entendre son nom sur le bas côté, recevoir un message sur sa montre connectée, savoir que quelqu’un nous attend à un endroit/kilomètre précis, etc. C’est petites choses là sont importantes pour un coureur/se, elles sont importantes pour le moral, la motivation et la détermination.
Prendre connaissance des objectifs
Personne n’est à l’abri d’un imprévu, d’une blessure, etc. Être au courant des objectifs et des limites que s’est fixé(e) son ami(e) est indispensable. Lié à cela, il faut bien évidemment bien le/le connaître, savoir identifier ses douleurs, les interpréter pour les mesurer de façon juste et précises. Vous serez fier(e) de jusqu’à la ligne d’arrivée, mais je pense que vous culpabiliseriez si il y avait une véritable blessure derrière ces douleurs… Il faut donc savoir respecter les objectifs/limites fixés tout en restant lucide et conscient.
Anticiper le jour J et tous les préparatifs qui en découlent
Préoccupez-vous des horaires, des transports, des déplacements, des ravitaillements, etc. Faites comme si vous preniez le départ de la course vous aussi. Dans ce genre d’événement il y a souvent beaucoup de choses à penser, alors vaut mieux y penser deux fois qu’une.
Épauler et rassurer
Les périodes de doutes, de remise en question, il y en a forcément dans ce type de préparation. Soyez-là pour lui remettre les idées au clair et se débarrasser des pensées parfois négatives ou pessimistes.
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Je finis cet article en félicitant une nouvelle fois Tiffany et toutes les autres marathoniennes et marathoniens pour leur performance. Vous avez déjà accompagné un proche sur une épreuve sportive officielle ? Je serais ravie de lire votre expérience et vos conseils.
A très vite,
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6 Comments
Astrid (Rhapsody in Green)
22 avril 2018 at 11 h 49 minC’est un très beau récit Marie, et je suis sûre que ton soutien a été très, très précieux !
Tu deviendras marathonienne un jour aussi, je n’en doute pas 🙂 Passe un bon dimanche !
Marie Eppe
24 avril 2018 at 8 h 16 minMerci beaucoup Astrid.
Je l’espère oui 🙂
Belle journée et à très vite,
Ninon
24 avril 2018 at 16 h 03 minEncore une fois, bravo les filles ! J’ai lu plein de CR du Marathon de Paris, et ça me fait toujours pleurer…! C’est génial que tu ai accompagné Tiffany, c’est toujours plus facile de s’entrainer à deux, et de se sentir aider. Je suis sure que toi aussi tu seras marathonienne bientôt, tu en as les capacités ! Tu n’as m’as envie de t’inscrire au MDP 2019 ? 😉
Des bisous,
Ninon
http://www.ninonptrs.fr
Marie Eppe
28 avril 2018 at 17 h 19 minMerci encore Ninon ! Je pense que lorsqu’on l’a vécu, c’est toujours plus émouvant.
Ah l’édition MDP 2019… J’en rêve secrètement depuis le 8 avril.
A bientôt,
SPORT : Mon mois sportif #avril2018
1 mai 2018 at 18 h 01 min[…] marathon de Paris pour accompagner mon amie Tiffany qui y participait (retrouvez mon compte-rendu ici). Depuis ma reprise, j’adopte une foulée sur l’avant du pied pour limiter les impacts, et ça […]
BAVARDAGES : En 2019, je pose l'intention de...
6 janvier 2019 at 9 h 05 min[…] ans que la course à pieds est mon sport principal, plusieurs semi-marathon à mon actif, l’accompagnement d’une amie sur sa préparation marathon et plus de la moitié du parcours le jo…. Ce défi je l’ai réfléchi, j’en ai rêvé aussi et c’est pour cela que je me […]