Selon l’ADEME (Agence De l’Environnement et de la Maîtrise de l’Energie), le bilan carbone permet de calculer les émissions de gaz à effet de serre (GES) engendrées par des activités productrices de biens ou de services qu’elles soient assurées par des entreprises privées, publiques ou des collectivités ainsi que les émissions de toutes les activités d’un territoire. En bonne ingénieure agroalimentaire que je suis, j’ai souhaité m’intéresser de plus près à l’empreinte carbone que pouvait avoir l’alimentation en France. Je me suis dit que ces recherches pouvaient en intéresser d’autres, alors j’ai décidé de vous les partager aujourd’hui.
L’article comporte trois parties. D’abord, j’ai décidé de faire un point sur ce qu’est l’empreinte carbone, l’équivalent CO2, etc. Ensuite, je vous partage quelques chiffre sur les émissions de gaz à effet de serre (GES) mondiales, européennes et françaises. Et enfin, je parle de l’empreinte que peut avoir l’alimentation sur ces émissions de GES. En conclusion et pour résumer cet article, j’ai préparé une petite infographie récapitulative.
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L’empreinte carbone qu’est-ce que c’est ?
L’unité de mesure « officielle » permettant d’établir ce bilan carbone et de calculer les émissions de GES est l’équivalent carbone, souvent raccourci en éqC ou même vulgarisé en éqCO2. Je dis vulgarisé car en réalité il n’y a pas que le dioxyde de carbone qui est pris en compte dans la mesure des émissions des gaz à effet de serre. Il y a 6 gaz : le dioxyde de carbone donc, mais aussi le méthane (CH4), le protoxyde d’azote (N2O) et 4 autres gaz fluorés dont je vous épargne les noms…
1 kg de dioxyde de carbone contient 0,27 kg de carbone, l’émission de 1kg de CO2 correspond donc à 0,27kg équivalent carbone (kg eqC). Nous entendons régulièrement parlé d’équivalent CO2 et pas seulement d’équivalent C. C’est dans ce cas là que le facteur 44/12 entre en jeu (0,27kg eqC x (44/12) = 1kg eqCO2). Pour faire bref, ce facteur correspond au rapport masse moléculaire du CO2/masse atomique du carbone.
Les 7 gaz à effet de serre, leur pouvoir réchauffant global (PRG) et leur équivalent carbone
Comme je vous le disais, il existe 7 gaz à effet de serre différente, dont la nocivité varie. Pour qu’il y ait une unité commune entre tous les GES, un Potentiel de Réchauffement Global (PRG) est appliqué. Il correspond donc à l’unité de mesure de l’effet d’un GES sur le réchauffement climatique par rapport à celui du dioxyde de carbone (qui est la référence et est égal à 1) sur une période de 100 ans. Grâce au PRG de chaque gaz il est possible d’exprimer l’impact de chaque gaz à l’aide de l’unité commune : la tonne d’équivalent Carbone (T eqC) ou le kilogramme équivalent Carbone (kg eqC). Et ce grâce à la formule : kg eqC = PRG x (0,2727).
En résumé, chaque gaz contient une quantité différente de carbone. Cette quantité correspond à l’impact de ce gaz sur l’effet de serre. Lorsqu’est additionné l’impact de plusieurs gaz à effet de serre, est obtenu le cumul de la quantité globale de carbone que ces gaz contiennent et donc un nombre représente l’impact global sur l’effet de serre (en kg eqC).
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Et au niveau de l’empreinte carbone mondiale, la France où est-ce qu’elle en est ?
En 2014, en Europe, les émissions de gaz à effet de serre correspond à 3 565 958 millions de tonnes d’équivalent CO2. La France se positionne à la quatrième position avec 9,2% des émissions de GES européennes, soit 328 875 millions de tonnes eqCO2. Derrière l’Allemagne, le Royaume-Uni et la Pologne avec respectivement 21,5%, 12,5% et 9,5%.
En France en 2015, les émissions de gaz à effet de serre se répartissent de cette manière :
Emission de gaz à effet de serre (GES) en France (données de 2015)
Répartition des émission de CO2 de l’industrie manufacturière (données de 2015)
Comme je le disais dans l’introduction, en tant que professionnelle de l’agroalimentaire, j’ai souhaité m’intéresser de plus près aux émissions de cette industrie, qui est une sous-catégorie du secteur de l’industrie manufacturière. L’agro-alimentaire représente une émission de GES de 10,2 millions de tonnes d’eqCO2. Cela représente la partie industrielle uniquement. Mais si l’on s’intéresse à l’alimentation de manière générale, ce chiffre est bien plus important. Selon Réseau Action Climat, l’alimentation (du champ à l’assiette) représenterait 36% des émissions de gaz à effet de serre du pays…
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L’empreinte carbone de notre alimentation
Comme je viens de le dire, les émissions de GES de l’alimentation représenterait 36% des émissions totales françaises. Cela correspond à 171 millions de tonnes eqCO2. Ces 36% se répartissent de cette manière :
Répartitions des émissions de gaz à effet de serre de notre alimentation (données de 2019)
Les aliments qui se retrouvent dans nos assiettes n’ont pas tous le même impact sur l’environnement. En effet l’impact carbone qui résulte de la production d’1kg de viande de boeuf est bien différent de celle d’1kg de fruits. Je nous apprends rien en vous disant que les produits d’origine animale ont un impact environnemental plus important qu’un produit d’origine végétale. Pourquoi ? Tout simplement parce qu’un animal se nourrira de produits végétaux durant sa croissance. Et puis ses déjections sont riches en méthane, qui sont un gaz à effet de serre, alors forcément, l’impact peut très vite grimper.
Mais l’origine animale ou végétale ce n’est pas le seul critère à entrer en jeu dans le calcul de l’impact carbone d’un aliment. Son origine géographique est tout aussi importante ! En effet, 1kg de riz produit en Asie et importé en Europe émet 3kg d’eqCO2, alors qu’1kg de légumes secs (ex : pois chiche) produit localement en France émet seulement 0,4kg d’eqCO2. C’est la même chose pour une pomme récoltée en Français et une mangue importée d’Amérique du Sud… Les conditions de culture jouent également un rôle. Effectivement, un produit alimentaire, qu’il soit d’origine animale ou végétale, qui est produit dans le respect de l’environnement (sans pesticides, sans serre chauffée) aura un impact environnement bien moins important qu’un aliment produit sous serre et/ou avec engrais.
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L’empreinte carbone résultant de la production de différents produits alimentaires
Comme prévu, vous retrouverez ci-dessous une petite infographie récapitulative. N’hésitez pas à l’épingler sur Pinterest ou à la partager autour de vous. J’espère que cet article vous a plu et qu’il vous a permis d’y voir un petit peu plus clair sur l’empreinte carbone que peut avoir notre alimentation. Est-ce que ce type d’article un petit peu plus « théorique » vous plait ?
A très vite,
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Sources :
ADEME/INRA, 2014. Alléger l’empreinte environnementale de la consommation des français (*)
CIRED, CNRS, 2019. L’empreinte énergétique et carbone de l’alimentation en France de la production à la consommation (*)
CITEPA, 2017. Rapport de référence sur les émissions de gaz à effet de serre et de polluants atmosphérique en France (*)
EUROSTATS, 2014. Greenhouse gas emissions by economic activity (*)
7 Comments
Florence
16 septembre 2019 at 23 h 44 minTres intéressant
Merci
Marie Eppe
17 septembre 2019 at 8 h 14 minMerci beaucoup Florence.
Je suis ravie que l’article vous ait plu !
A bientôt,
Veille informationelle empreite carbone | Pearltrees
9 novembre 2020 at 12 h 02 min[…] et les alternatives existantes, prendre des engagements et agir au niveau individuel et collectif. ECOLOGIE : L'empreinte carbone de notre alimentation. Selon l’ADEME (Agence De l’Environnement et de la Maîtrise de l’Energie), le bilan carbone […]
Marianne
2 novembre 2021 at 17 h 31 minBonjour, merci pour cet article très documenté. Pour ma part, j’aime bien les articles « théoriques » argumentés, je trouve qu’il est rare de trouver des données fiables et précises sur ces questions. Par exemple, on dit que l’alimentation carnée est dévastatrice, en mettant un peu tout dans le même panier. Mais quel est l’impact carbone minimal entre le bourguignon (bas-morceaux) de boeuf élevé à l’herbe en agriculture biologique à 100 km de chez moi et le steak de soja cultivé aux engrais chimiques à l’autre bout de la planète ?
Je ne comprends pas bien le camembert de droite, dont le total des % est bien inférieur à 100.
Merci encore
Marianne
Clairelacrouts | Pearltrees
10 janvier 2023 at 11 h 34 min[…] des enjeux environnementaux, la production de viande pose un problème humain. En savoir plus. ECOLOGIE : L'empreinte carbone de notre alimentation. Selon l’ADEME (Agence De l’Environnement et de la Maîtrise de l’Energie), le bilan carbone […]
Empreinte écologique et atteinte à la biodiversité | Pearltrees
31 mars 2023 at 14 h 04 min[…] ECOLOGIE : L'empreinte carbone de notre alimentation. Selon l’ADEME (Agence De l’Environnement et de la Maîtrise de l’Energie), le bilan carbone permet de calculer les émissions de gaz à effet de serre (GES) engendrées par des activités productrices de biens ou de services qu’elles soient assurées par des entreprises privées, publiques ou des collectivités ainsi que les émissions de toutes les activités d’un territoire. En bonne ingénieure agroalimentaire que je suis, j’ai souhaité m’intéresser de plus près à l’empreinte carbone que pouvait avoir l’alimentation en France. […]
Empreinte écologique et atteinte à la biodiversité | Pearltrees
16 août 2023 at 16 h 08 min[…] carbone de notre alimentation : quels aliments produisent le moins de gaz à effet de serre. ECOLOGIE : L'empreinte carbone de notre alimentation. Empreinte carbone : 70% des émissions de CO2 proviennent des transports, du chauffage et de […]